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Le Cercle Phi

Philosophie et Amitié

Vérité et tolérance

La rencontre entre la foi et la recherche philosophique de la vérité demeure une dimension essentielle du christianisme.

Foi et philosophie

« La rencontre entre le “Dieu des philosophes” et le Dieu concret de la religion juive est l’événement, provoqué par la mission chrétienne, qui révolutionne l’histoire universelle.

En définitive, le succès de cette mission repose précisément sur cette rencontre. Ainsi, la foi chrétienne a-t-elle pu se présenter dans l’histoire comme la vraie religion. La prétention du christianisme à l’universalité est fondée sur l’ouverture de la religion à la philosophie. Cela explique pourquoi, dans la mission qui s’est développée dans l’Antiquité chrétienne, le christianisme n’était pas d’abord conçu comme une religion, mais comme un prolongement de la pensée philosophique, c’est-à-dire de la recherche de la vérité par l’homme. Ceci, malheureusement, a été de plus en plus oublié dans les temps modernes. La religion chrétienne est aujourd’hui perçue comme une continuation des religions du monde et on la considère comme une religion parmi ou au-dessus des autres. Ainsi, les “semences du Logos” dont Clément d’Alexandrie parle comme de la tension de l’histoire préchrétienne vers le Christ, sont identifiées de manière générique aux religions, alors que Clément d’Alexandrie, lui, les considère comme faisant partie du processus de la pensée philosophique dans lequel la pensée humaine avance à tâtons vers le Christ.

Revenons à la question de la tolérance. Ce que nous venons de dire signifie que le christianisme se comprend essentiellement comme vérité et qu’il fonde sa prétention à l’universalité sur cette base. Mais c’est précisément là qu’intervient la critique actuelle du christianisme, considérant la revendication de la vérité comme intolérante en soi. Vérité et tolérance semblent être en contradiction. L’intolérance du christianisme serait intimement liée à sa prétention à la vérité. Cette conception est sous-tendue par le soupçon que la vérité serait dangereuse en soi. Ce qui veut dire que la tendance profonde de la modernité s’oriente de plus en plus clairement vers une forme de culture indépendante de la vérité. Dans la culture postmoderne, qui fait de l’homme le créateur de soi et conteste la donnée originelle de la Création, il y a un désir de recréer le monde contre sa vérité. Nous avons déjà vu plus haut comment cette attitude même conduit nécessairement à l’intolérance.

Mais en ce qui concerne la relation entre vérité et tolérance, la tolérance est ancrée dans la nature même de la vérité. En considérant la révolte des Macchabées, nous avons vu comment une société qui se dresse contre la vérité est totalitaire et donc profondément intolérante. En ce qui concerne la vérité, je renverrai simplement à Origène : “Le Christ ne remporte aucune victoire sur ceux qui ne veulent pas. Il ne gagne que par la persuasion. Ce n’est pas pour rien qu’il est la parole de Dieu” (Patrologia graeca12, 1133B). Mais en fin de compte, comme contrepoids authentique à toute forme d’intolérance, on trouve Jésus-Christ crucifié. La victoire de la foi ne peut jamais être obtenue que dans la communion avec Jésus crucifié. La théologie de la croix est la réponse chrétienne à la question de la liberté et de la violence ; et en fait, même historiquement, le christianisme n’a remporté ses victoires que grâce aux persécutés et jamais lorsqu’il s’est rangé du côté des persécuteurs. »

 

Benoît XVI, Qu’est-ce que le christianisme ?, Artège, p. 53-55

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