20 Février 2020
Dans une étude de jeunesse présentée à Wiesbaden en 1922, le théologien réformé Karl Barth s'interrogeait sur "Le problème éthique à l'heure actuelle". Parmi de nombreuses réflexions qui demeurent actuelles près d'un siècle plus tard, relevons cette remarque décapante et propice à nourrir la recherche incessante de la vérité, loin de toute prétention moralisatrice ou pieusement religieuse. L'humilité de la vérité, une clé de la recherche philosophique authentique:
"Il y a une obéissance qui est sanctification et qui certainement - mais autrement que les moralistes ne l'entendent - commence aussitôt que nous descendons de toutes nos altitudes et même de notre Haut Lieu et que nous désarmons complètement de toutes nos armes humaines de "religion" et de "moralité". Il y a un amour fraternel efficace, mais dont l'efficacité commence là où ce qu'on appelle la charité chrétienne finit; qui commence lorsque les mains vides, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, comme il nous est pardonné à nous. Il y a des buts qui sont pires et d'autres meilleurs; il y a un choix conscient parmi eux et une discipline morale pour réaliser les meilleurs. Il y a une collaboration nécessaire aux oeuvres de la culture (technique, scientifique, artistique, politique et même religieuse), car cette culture a sa valeur et sa dignité, non qu'elle soit un ordre visible de la Création, mais parce qu'elle peut être un témoignage, un reflet, exclusivement terrestre, de l'ordre vrai de la Création, lequel demeure, dans nos circonstances concrètes, perdu et caché pour nous. Et cette culture n'est pas susceptible, et n'a pas besoin d'être "christianisée" spécialement."
K. Barth, in Parole de Dieu et parole humaine, éd. de 1966, p. 192